« N’admettre que ce dont on puisse faire l’expérience, et rendre justice à tout ce qui peut être objet d’expérience. »

Voilà en une phrase le programme de James dans cet ouvrage, dont la simplicité n’a d’égale que la radicalité. Il s’agit bien d’un programme philosophique, mais qui vise à ressaisir la vie concrète, ses pulsations, ses nervures et ses stries, derrière les abstractions de la philosophie académique. Ce livre est traversé tout entier par une tension : exposer techniquement et précisément ce que la danse réglée des affrontements techniques entre grands systèmes métaphysiques (qu’ils soient rationalistes ou empiristes) nous a dérobé, à savoir les expériences, leurs motifs et leurs liens, dont le monde et nos vies sont tissés.

Publié en 1912, ce recueil posthume expose le cœur de la philosophie de l’expérience de James ; il s’agit de son texte de maturité, développant une approche neuve de la conscience aussi bien que de l’expérience pure, des relations, ou encore de l’activité. Moment majeur dans l’histoire de la philosophie américaine, ces Essais ont ainsi eu une influence plus durable que les célèbres conférences de James sur le pragmatisme : c’est avec ce versant de son œuvre que Bergson, Whitehead et Russell, par exemple, ont eu leurs dialogues les plus féconds.

Frère aîné du romancier Henry James, philosophe et psychologue né aux États-Unis, William James (1842-1910) est le principal initiateur d’un mouvement de pensée connu sous le nom de « pragmatisme ». En plus d’enseigner en chaire la physiologie, la biologie, la philosophie, la psychologie (dont il étudia les rapports réciproques), William James faisait des tournées d’éducation scientifique dans les petites villes américaines. Ses Principles of Psychology (1890) présentent la psychologie comme science indépendante ; ses Varieties of Religious Experience marquent le sommet de sa pensée en ce qui concerne la religion. Ses recherches portent aussi sur des problèmes proprement philosophiques, et c’est là surtout qu’il met en œuvre sa méthode du « pragmatisme ».

Anciens élèves de l’ENS-Ulm et agrégés de philosophie, Guillaume Garreta et Mathias Girel animent depuis 2000 le Séminaire sur les pragmatismes et la philosophie américaine qui est actuellement intégré aux activités de l’Université Paris I.

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