On sait généralement que Montaigne a été maire de Bordeaux pendant 4 ans et que, à la fois proche du futur Henri IV et bien introduit à la cour à Paris, il a joué entre eux à diverses reprises un rôle de négociateur. Cependant, on continue de voir en lui avant tout un moraliste et un explorateur du moi, réfugié dans sa « librairie » à distance de la politique, quand on ne fait pas de lui un sceptique conservateur, défenseur de la monarchie absolue. Montaigne en politique brise cette image. Dans cette synthèse, l’auteur montre à quel point les Essais tout entier sont habités par le souci politique de leur auteur : par son expérience personnelle très riche dans ce domaine, par les inquiétudes permanentes que suscitent chez lui les événements de son temps (les guerres de religion), par ses lectures des auteurs politiques de l’Antiquité ou contemporains, etc. Les activités et les idées politiques n’ont pas été secondaires ou momentanées dans la réflexion de Montaigne : elles sont au cœur de sa pensée, au même titre que les réflexions morales, auxquelles elles sont d’ailleurs étroitement liées. Montaigne est bel et bien un penseur politique. Pas au sens où il aurait développé une théorie ou une doctrine ou une philosophie politique, mais au sens où la réflexion sur les événements, les actions, les passions ou les vertus politiques est omniprésente dans les Essais.

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