Si l’on juge un homme par sa capacité à influencer son époque, on peut accorder à Keynes (1883-1946) d’avoir été l’économiste du XX e siècle. Car il fut, par son activité de savant comme par son activisme politique, l’avocat le plus habile en faveur d’une voie médiane entre le capitalisme libéral et le capitalisme totalitaire.
Ce n’est toutefois pas le moindre paradoxe attaché à la gestion technocratique keynésienne du capitalisme que d’avoir favorisé la dépolitisation des classes populaires et favorisé les conditions sociales d’une réception favorable de la doctrine du laissez-faire. N’a-t-il pas suffi, en effet, aux dévots professionnels du capitalisme de prendre le contrôle des structures technocratiques et médiatiques pour imposer, à la majorité rendue silencieuse, le catéchisme à peine rafraîchi de l’ultralibéralisme ?…

Ouvrage traduit avec le concours du CNL