À Bruxelles, loin des ONG, les lobbies patronaux préfèrent le huis-clos avec les bureaucrates pour faire progresser leurs affaires.

« Pour un lobbyiste, connaître des bureaucrates plus ou moins personnellement permet de savoir quand il est encore utile de pousser une position et quand, à l'inverse, il ne sert à rien de se montrer insistant : "En fait, le Parlement européen, si tu veux faire une analogie, c'est comme si tu avais une table de poker ; et à cette table de poker-là, les gens doivent montrer leur jeu. Au Parlement, tu dois montrer ton jeu. Donc les libéraux c'est ça, la droite c'est ça et les socialistes c'est ça. Tu lis les amendements, tu vois d'où ça vient. Et le type de la Commission qui bosse là-dessus depuis deux ans à fond, il voit tout de suite dans le style de la rédaction, dans l'idée qui est poussée, comment ça a été amené et à quelle industrie il a affaire." »

À partir d'archives inédites et d'observations réalisées auprès des lobbys patronaux, ce livre analyse les relations qu'entretiennent les représentants des intérêts économiques avec les agents de la Commission européenne. Pour parvenir à leurs fins, les lobbyistes doivent se fondre dans les logiques de productivité de l'administration communautaire : les plus grandes firmes apprennent ainsi à manier le jargon des technocrates pour maintenir leur position, et enrôlent des experts scientifiques pour répondre aux attentes pratiques de tel ou tel chef de bureau. Et les liens intimes qu'entretient le capitalisme avec la bureaucratie se voient quotidiennement réactualisés.

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