C’était silencieux dans la maison de grand-mère. Le petit garçon se glissait d’une pièce à l’autre. Il cherchait le silence : il devrait bien se trouver quelque part, quelque part assis sur une chaise à bascule, en train de se balancer en lisant un gros livre. Le petit garçon poussait une porte, puis une autre, et écoutait. Les portes étaient lourdes et les seuils étaient hauts et dorés. Lui était petit et pas très rassuré. Dans sa poitrine, son cœur tictaquait comme une pendule affolée. Il se tenait maintenant sur le dernier seuil et, cette fois, il ferma les yeux, car Dieu sait de quoi le silence peut avoir l’air. Il tourna la tête et tendit l’oreille vers la chambre pour écouter si c’était là que le silence était assis.
Il entendait tant de choses. Il entendait un gros bateau rouler sur la mer au milieu des mugissements de la tempête. Il entendait une petite fille qui pleurait parce qu’elle était morte, et qu’on ne pouvait pas voir, car elle était enterrée sous les fleurs. Il entendait aussi les bottes de grand-père aller et venir dans la pièce en faisant craquer les larges lames du parquet. Mais le silence, il ne l’entendait pas.

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