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Six mois et une semaine ! Pas un jour de plus ne sépare les deux « inédits » de Céline que Gallimard a déversés sur les tables des libraires et dans les rayons de supermarchés. Mis en place à 80.000 exemplaires, le premier se serait déjà vendu à plus du double au moment où le second déboulait. Les services commerciaux de Madrigall craignaient-ils que Céline soit oublié des tables des librairies de Noël ?

Au printemps, pour le premier, un seul média n'a pas crié au génie, chanté au joyau, vanté la pépite, clamé le chef-d'œuvre. Mais pour le second, même dans les cénacles de la religion littéraire française on avoue que ça n’est qu’un brouillon où se voit beaucoup (trop) la haine du Juif que l’éditeur et ses employés tentent depuis toujours de maquiller, invisibiliser, nier, enrober, justifier par le « style » et la « musique » au nom desquels il faut tout pardonner — ce qu'on ne pardonne jamais au racistes ordinaires qui sont nuls en musique et n’ont aucun style.

Personne ne se pose la question de savoir pourquoi la plupart d'entre nous refuseraient d’inviter au repas de Noël un antisémite notoire mais accepte de le glisser sous le sapin familial et le poser sur sa table de chevet ?

(Pour celles et ceux qui ont le cœur accroché, lire l’histoire accablante du « miraculeux dépositaire du trésor retrouvé » : où l’on voit de sympathiques naïfs et des honnêtes gens aux prises avec des coyotes à foie jaune.)

Depuis que Céline a commencé à fleurir sur fond de collaboration et à l’abri de la religion littéraire française, quelques articles critiques tentent bien de rompre avec l’assourdissant concert, comme récemment ceux d’Évelyne Pieiller. Le 16 novembre, cette dernière, romancière, essayiste et journaliste au Monde diplomatique, était à la librairie L’Atelier, à Paris, pour nous parler non de Céline (dont on parle bien trop) mais (en quelque sorte de son antidote, c’est-à-dire) de littérature populaire comme littérature politique – et le chemin des Mousquetaires et Misérables.

Cette intervention prend sa place dans notre relance des rencontres en librairies et salons avec nos auteurs et autrices : depuis le début de l’automne, une bonne quarantaine ont été programmées (pour le moment) jusqu’à la fin de l’hiver prochain.

Thierry Discepolo
Mercredi 23 novembre 2022

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Rencontres

À Paris :
— le 1er décembre 2022, avec Laurence De Cock, pédagogie, engagement politique et école publique : le couple Freinet sous la plume de Laurence de Cock
— le 13 décembre 2022, avec Joël Laillier et Christian Topalov sur le gouvernement de la science
— le 12 janvier 2023, avec Dominique Pinsolle et Thierry Discepolo sur l'actualité des médias (et de l'édition)
— le 22 février 2023, avec Thierry Discepolo sur la concentration dans l'édition
— le 21 avril 2023, avec Daniel Finn sur l'histoire de l’IRA

À Saint-Étienne :
— les 26-27 novembre 2022, au Salon Tatou Juste, le rendez-vous de la transition écologique

À Bordeaux :
— le 2 décembre 2022, avec Dominique Pinsolle sur les pistes historiques pour sortir du capitalisme médiatique
— le 2 mars 2023, avec Dominique Pinsolle sur l'histoire critique de la liberté de la presse bourgeoise

À Montpellier :
— le 16 décembre 2022, avec Laurence De Cock sur l'histoire et l'actualité de la répression des enseignants

À Toulouse :
— le 7 janvier 2023, avec Laurence De Cock sur politique et pédagogie
— le 27 janvier 2023, avec Laurence De Cock sur les Freinet
— le 20 avril 2023, avec Daniel  Finn sur l'histoire de l’IRA

À Grenoble :
— le 20 janvier 2023, avec Laurence De Cock sur les Freinet et l'école de Barbiana

À Tours :
— le 2 février 2023, avec Dominique Pinsolle pour lutter contre la presse bourgeoise

À Lyon — Chassieu :
— les 17-19 février 2023, au Salon Primevère, rencontres de l'écologie et des alternatives

À Lyon :
— le 17 mars 2023, avec Pauline Perrenot sur l'effondrement intellectuel du « journalisme politique »