Dans la collection « Banc d’essais »
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Les grands philosophes de la tradition sont susceptibles de parler immédiatement à des gens qui ignorent pratiquement tout de l’époque et du contexte. Que Descartes, Leibniz ou Kant puissent être traités spontanément comme des contemporains est une sorte de fait premier dont toute histoire de la philosophie doit tenir compte. Même si cela peut sembler la conséquence d’une forme de naïveté un peu ridicule aux yeux de l’historien averti, ce qu’il y a au début n’est sûrement pas l’incommensurabilité ou la distance infranchissable qui sont censées nous séparer de certains de nos ancêtres philosophiques.
Un certain anachronisme conscient et raisonné semble être un élément constitutif de la tentative que nous faisons pour instaurer une sorte de dialogue imaginaire avec nos grands prédécesseurs : nous les traitons comme les partenaires d’une conversation dans laquelle nous considérons que nous devrions pouvoir les persuader que nous avons clarifié certaines de leurs idées, remédié à certaines insuffisances de leurs théories, amélioré certaines de leurs méthodes et peut-être résolu mieux qu’eux certains de leurs problèmes.
Ce cinquième volume des Essais de Jacques Bouveresse constitue l’hommage d’un philosophe rationaliste d’aujourd’hui à trois grandes figures du rationalisme classique. S’appuyant sur Frege, Gödel et quelques autres modernes, il examine et discute leurs conceptions de la raison et de la vérité, de la logique et des mathématiques, du possible, de la contingence et de la liberté, ou encore des relations entre le corps et l’esprit.
Jacques Bouveresse
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il est aussi l’un des principaux commentateurs français de Ludwig Wittgenstein.
Pour visiter la page consacrée à Jacques Bouveresse sur le site du Collège de France
Foreign Rights
English notice
Essays V
Descartes, Leibniz, Kant
Preface by Jean-Jacques Rosat
A Professor at the Collège de France, Jacques Bouveresse has many publications to his name on the philosophy of language and knowledge, as well as books about writers such as Musil and Kraus.
The great philosophers can appeal to people who know next to nothing about the period and the context. That Descartes, Leibniz or Kant may be spontaneously treated as though they were contemporary is a kind of initial fact that any history of philosophy must take into account. Even though this may appear to be the result of a form of naivety the enlightened historian will find somewhat ridiculous, what is there in the first place is certainly not the incommensurability or the impossible distance that supposedly lie between ourselves and some of our philosophers of old.
A certain conscious and rational anachronism seems to be one of the constitutive elements of our attempts to set up some kind of imaginary dialogue with our great predecessors: we face them as though they were partners in a conversation, where it is our duty to convince them we have clarified some of their ideas, set some of the inadequacies of their theories right, improved some of their methods and perhaps solved all their problems better than they have.
This fifth volume of Jacques Bouveresse’s essays constitutes the tribute of one of today’s rationalist philosophers to three of the great figures of classical Rationalism. Using the examples of Frege, Gödel and a few other modern philosophers, he examines their concepts of reason and truth, logic and mathematics, the possible, contingency and liberty, and even the relationship between the body and the mind.