La crise qui frappe l’économie mondiale depuis 2007-2008 confirme la logique éminemment destructrice de la dynamique d’accumulation du capital dont Rosa Luxemburg donne l’histoire et l’analyse toujours pertinente.


De 1907 à 1913, Rosa Luxemburg, militante et théoricienne de la gauche révolutionnaire, donne des cours d’économie politique à l’école centrale du parti social-démocrate d’Allemagne. Alors que ce dernier se montre de plus en plus complaisant à l’égard d’un système qui conduit tout droit à la Première Guerre mondiale, Rosa Luxemburg fait ressortir les contradictions insurmontables du capitalisme, son inhumanité croissante, mais aussi son caractère transitoire. Son regard acéré, qui ne perd jamais de vue les avancées scientifiques et critiques des penseurs de son temps, embrasse les formes d’organisations sociales les plus variées, depuis le « communisme primitif » jusqu’au dernier-né des modes d’exploitation, le capital « assoiffé de surtravail ».

Dans ces leçons, qui s’inscrivent dans le droit-fil de la critique de l’économie politique de Marx comme du Manifeste communiste, Rosa Luxemburg nous met face à l’alternative qui s’impose aujourd’hui avec plus d’insistance que jamais : socialisme ou chute dans la barbarie !


Avec sa postface, Louis Janover (collaborateur de Maximilien Rubel à l’édition des Œuvres de Karl Marx dans la « Pléiade »), restitue toute sa portée critique à la pensée de Rosa Luxemburg. Une nouvelle introduction des éditeurs, une synthèse sur « L’intégralité d’une œuvre » et, en appendice, chronologie, notices et dessinent le cadre historique et politique de la vie de cette internationaliste irréductible.

Dans une époque profondément marquée par l’amnésie historique, lire Rosa Luxemburg ce n’est pas s’en tenir à un rapport immédiat à un présent insaisissable — rapport illusoire qu’entretient en permanence la domination du Capital. C’est accepter de repenser l’histoire et le combat pour l’émancipation d’un point de vue radicalement différent. C’est aussi replonger dans ce que pouvait représenter une authentique éthique de l’émancipation, un combat collectif et international qui, sous quelque forme qu’il se manifeste, que ce soit dans la dénonciation de l’hypocrisie réformiste, exprime toujours « l’impératif catégorique de bouleverser tous les rapports où l’homme est un être dégradé, asservi, abandonné, méprisable » et donc une indéfectible volonté de mettre à bas le système social qui reproduisait ces rapports.