Policiers du monde et protecteurs attentifs de leurs intérêts nationaux, bien que pris dans des logiques d’interdépendance croissante, les États-Unis continuent de déterminer une grande partie de la politique internationale.

« Comme aucun autre président ne l’avait jamais fait avant ni ne le ferait par la suite, Wilson exalta sans retenue la fonction messianique de l’empire américain. La religion, le capitalisme, la démocratie, la paix et la puissance des États-Unis, tout cela ne faisait qu’un. “Voyez loin, disait-il à des représentants de commerce, gardez à l’esprit que vous êtes des Américains, que vous êtes faits pour apporter la liberté, la justice et les principes de l’humanité partout où vous allez, vendez des marchandises qui rendront les gens heureux et convertissez-les aux principes de l’Amérique.” Dans son discours de campagne, il déclarait en 1912 : “Je crois que Dieu a présidé à la création de cette nation. Nous avons été choisis pour montrer à toutes les nations le chemin à suivre pour marcher sur les chemins de la liberté.” »

Au XXe siècle, les États-Unis mènent une politique étrangère qui en a fait la puissance hégémonique mondiale. Mais c’est une hégémonie à double face, qui leur impose à la fois de garantir l’ordre capitaliste et de favoriser les intérêts des entreprises, des banques et des lobbies américains. Une difficulté qu’aggrave leur économie, prise dans l’interdépendance croissante des économies rivales et de plus en plus soumise au développement du crédit.
Retraçant l’histoire de cette politique étrangère, étudiant ses stratèges et les problèmes auxquels elle est confrontée, Perry Anderson met en garde ceux qui sous-estimeraient la durée de vie de l’empire américain : « Sur le plan politique, son sort n’est pas encore réglé. »

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