Quel pittoresque roman on pourrait écrire, semble-t-il, sur la vie de Vladimir Ilitch Oulianov-Lénine ! Prison, déportation, exil sibérien, vagabondages à travers l’Europe, évasions, traversée clandestine de frontières, périlleux travail illégal ; puis, soudain, avec une brusquerie fantastique, prise du pouvoir dans un empire égal au sixième de la surface du globe - tout cela, ensemble, compose un destin singulier. Et cependant, toutes les tentatives de faire de Lénine un héros de roman sont vouées à l’échec. Cet homme était foncièrement réfractaire au pittoresque. Il possédait une faculté unique de rendre les choses impersonnelles, nécessaires, inéluctables, faculté qui n’était sans doute rien d’autre qu’une aptitude à se confondre entièrement avec les forces historiques qu’il incarnait, mais que son entourage traduisait par les mots : simple, modeste, naturel.

Dans cette courte biographie écrite en 1959, l’autrice dresse un portrait de Lénine résolument grand public. Cette courte introduction à la vie d’une figure centrale de la Révolution russe est servie par une plume élégante, celle d’une romancière qui, sans être impartiale, n’esquive aucun des écueils du léninisme.

Nina Gourfinkel écrit depuis son exil en France, à un quart de siècle de distance, à l’aune de l’héritage bolchevique. À l’occasion du centenaire de la mort de Lénine, son point de vue à la fois partisan et critique offre une solution pour qui veut pénétrer dans ce moment d’histoire à travers un angle original, et sur un mode narratif.